IA : faire sans ou faire sens ? La tech, responsable ?

1 octobre 2025

IA responsable

L’IA et le numérique sont au cœur d’un débat passionné : certains considèrent que les engagements des acteurs de la tech en faveur d’une démarche responsable suffisent à rendre caduques les critiques, tandis que d’autres pointent, sans ambiguïté, la responsabilité du numérique dans le réchauffement climatique et les dérives sociales actuelles. Guillaume Buffet nous partage un témoignage lors de l'Edito de la newsletter Motherbase.

Trop souvent, cette opposition vire à la recherche de boucs émissaires plutôt qu’à l’exploration de solutions durables. Pourtant, il est essentiel de prendre du recul et de poser quelques constats.

Le numérique : coupable ou bouc émissaire ?

La crise climatique n’attendait pas le numérique pour se manifester. Certes, la production et l’usage des outils numériques contribuent aux émissions de gaz à effet de serre, mais ils ne sont pas la cause première du problème.

Il est important de rappeler que près de 50 % de l’impact carbone du numérique provient de la fabrication et du fonctionnement des terminaux et équipements (Ademe, 2025). L’empreinte des outils, ordinateurs, smartphones ou objets connectés, est donc majeure et mérite une attention particulière. Limiter l’impact du numérique ne peut se faire uniquement en régulant les usages ou les Data Centers : il faut aussi agir sur la conception, la durabilité et la gestion des outils.

De plus, les méthodes pour évaluer « l’impact du numérique » sont souvent discutables. Comparer l’envoi d’une pièce jointe de 1 Mo par e-mail à la consommation d’un réfrigérateur n’a pas beaucoup de sens. Une comparaison plus pertinente serait celle entre un courrier postal et ce même e-mail.

Et enfin, tous les usages numériques ne se valent pas : certains sont vitaux pour l’éducation, la santé ou le dialogue démocratique, d’autres sont futiles, voire problématiques, comme certaines applications d’IA détournées ou la diffusion de contenus haineux et de désinformation.

Ni retour en arrière, ni laissez-faire

Imaginer un « arrêt total » du numérique pour revenir à un passé idéalisé n’est pas une solution. Le modèle d’avant a montré ses limites. Empêcher l’innovation reviendrait à répéter les mêmes erreurs.

Et il serait paradoxal de demander aux technophiles de limiter l’accès à des outils qui peuvent améliorer la vie d’un tiers de l’humanité encore non connecté. De même, tous les usages ne doivent pas être jugés de la même manière : un Data Center qui soutient le covoiturage ou l’énergie renouvelable ne peut être mis sur le même plan que celui générant des contenus superficiels sur les réseaux sociaux.

Vers une tech responsable

La France compte aujourd’hui plus de 2 000 startups greentech dédiées aux transitions écologiques et climatiques. Leur travail mérite d’être encouragé plutôt que blâmé pour leur empreinte énergétique.

Pointer le numérique comme systématiquement « coupable » est conservateur et empêche la recherche de nouvelles voies. En revanche, pousser les acteurs à concevoir des services frugaux, responsables « by design », et des outils plus durables est une urgence collective.

Réfléchir à ce qui est indispensable, essentiel ou accessoire dans nos usages numériques est un défi individuel et collectif. C’est en conjuguant ces efforts que nous pourrons éviter que la somme des égoïsmes ne devienne la norme de demain.

Que faire ?

Il n’y a pas de solution unique. Mais explorer des pistes, confronter les points de vue et susciter le débat permet à chacun de progresser dans sa relation à la tech. Pour un futur plus soutenable, plus responsable, et plus humain.

Guillaume Buffet
Fondateur de Motherbase et président de la communauté startups de Numeum.

Motherbase, acteur de l'IA, est aussi membre de la communauté Coq Vert de BPI France.

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